MARIE, MÈRE, MODÈLE ET IMAGE DE L'ÉGLISE

MARIE, MÈRE DE L'ÉGLISE

La Vierge Marie [...] est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur [...]. Elle est aussi vraiment ‘Mère des membres [du Christ] [...] ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l'Église des fidèles qui sont les membres de ce Chef’ (S. Augustin, Virg. 6 : PL 40, 399). (LG 53)

Comme le soulignait le pape Jean-Paul II lors de l'audience générale du 17 septembre 1997 :

Si le concile ne retient pas formellement le titre de "Mère de l'Église", il va dans ce sens, à la suite du Pape Benoît XIV et de bien d'autres affirmations du Magistère plus récent. [1]

Le titre de Marie, Mère de l'Église n'est pas traditionnel. On a bien quelques attestations médiévales, mais elles ne relèvent pas du Magistère de l'Église. Par deux fois, Paul VI a demandé à la commission théologique son avis lors du Concile Vatican II. La commission a répondu non à chaque fois. Mais le Pape en a finalement décidé autrement lors du vote solennel de la constitution Lumen Gentium (1964). C'est ainsi qu'il a proclamé Marie Mère de l'Église sous les ovations de la quasi totalité des Pères conciliaires :

De très nombreux Pères ont fait leur (notre propre voeu) en demandant instamment que soit explicitement déclarée, pendant ce Concile, la fonction maternelle que la bienheureuse Vierge Marie exerce envers le peuple chrétien. Dans ce but, Nous avons cru opportun de consacrer, dans cette séance publique, un titre en l'honneur de la Vierge, suggéré de divers côtés dans le monde catholique et qui Nous est particulièrement cher, parce qu'il synthétise admirablement la place privilégiée reconnue par ce Concile à la Vierge dans la sainte Eglise. C'est donc à la gloire de la bienheureuse Vierge et à notre réconfort que Nous proclamons Marie très sainte, Mère de l'Eglise, c'est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des pasteurs, qui l'appellent Mère très aimante, et Nous voulons que, dorénavant, avec un tel titre très doux la Vierge soit encore plus honorée et invoquée par tout le peuple chrétien. (Extrait du discours du 21 Novembre 1964 en conclusion de la IIIe Session du Concile Vatican II et lors de la promulgation de la Constitution Lumen Gentium).

Le Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique pose la question :

196. En quel sens la Bienheureuse Vierge Marie est-elle Mère de l’Église?

La bienheureuse Vierge Marie est Mère de l'Église dans l’ordre de la grâce parce qu’elle a donné naissance à Jésus, le Fils de Dieu, Tête de son Corps qui est l'Église. En mourant sur la croix, Jésus l’a donnée comme mère à son disciple, par ces mots : « Voici ta mère » (Jn 19, 27).

Marie n'est pas au-dessus de l'Église, elle est membre de l'Église et reçoit la grâce comme elle, et cependant elle est aussi Mère de l'Église, comme le rappellent aussi la collecte et la préface de la messe "Marie, Mère de l'Église" :

Collecte : Dieu de miséricorde, notre Père, ton fils unique en mourant sur la croix a voulu que la Vierge Marie, sa Mère, soit aussi notre Mère ; accorde à ton Église, soutenue par son amour, la joie de donner naissance à des enfants toujours plus nombreux, de les voir grandir en sainteté et d'attirer à elle toutes les familles des peuples.

Préface : Vraiment il est juste et bon de te rendre gloire, de t'offrir notre action de grâce, toujours et en tous lieux, à toi Père très Saint, Dieu éternel et tout-puissant. Pour célébrer la Vierge Marie, c'est à toi que s'adressent nos louanges. En accueillant ta Parole dans un coeur immaculé, elle a mérité de la concevoir dans son sein virginal ; en donnant naissance à son Créateur, elle a préparé les commencements de l'Église ; en recevant au pied de la croix le testament d'amour de son Fils, elle a reçu pour fils tous les hommes que la mort du Christ a fait naître à la vie divine ; quand les apôtres attendaient l'Esprit qui leur était promis, elle a joint sa supplication à celle des disciples, devenant ainsi le modèle de l'Église en prière ; élevée dans la gloire du Ciel, elle accompagne et protège l'Église de son amour maternel dans sa marche vers la patrie jusqu'au jour de la venue glorieuse du Seigneur

MARIE, MODÈLE ET IMAGE DE L'ÉGLISE

L'expression modèle de l'Église s'applique à la Vierge Marie de diverses façons :

  • Marie est le modèle du devenir ecclésial (LG n° 63) : parce qu'elle est Mère de l'Église, Marie illustre le chemin ecclésial : de l'humilité de sa condition ici-bas à la gloire du Ciel, Marie est prophète, non par ses paroles, mais par sa propre vie. Marie est, comme dit la préface de l'Assomption, la parfaite image de l'Église à venir. Mais il faut bien noter que Marie est le modèle de l'Église comme communauté de la grâce (La Mère de Dieu est le modèle dans l'ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ), et non pas comme communauté hiérarchique (ce second aspect a pour modèle et pour type le Christ lui-même : c'est lui qui manifeste les fonctions d'enseigner, de sanctifier et de régir).
     
  • Marie est le modèle de l'Église Mère et Vierge (LG n° 64) : l'Église en écoutant et en mettant en pratique la Parole de Dieu, conçoit de nouveaux enfants par la prédication et le baptême. Elle est donc mère, et cette maternité a pour condition la virginité, c'est-à-dire la pratique – à l'exemple de Marie – des vertus théologales dans toute leur pureté. Marie et l'Église conçoivent du Saint-Esprit : l'une conçoit la Tête pour le Corps, l'autre conçoit le Corps pour la Tête.
     
  • Marie, modèle des vertus animées par la vie théologale (LG n° 65) : Le concile distingue bien l'Église qui a déjà atteint sa perfection, qui est sans tâche ni ride (cf. Ep 5, 27) en la personne de la Vierge Marie, et l'Église pérégrinante, composée de pécheurs, qui lève les yeux vers son modèle pour imiter ses vertus. Ces vertus sont notamment : l'humilité et la piété (l'esprit de prière).

La liturgie rénovée par Vatican II offre deux grands témoignages : la Messe en l'honneur de Marie modèle de l'Église, et la Messe en l'honneur de Marie image de l'Église :

  • La Messe de Marie, modèle de l'Égliseles textes soulignent principalement Marie comme modèle de sainteté (vertus théologales, humilité, piété, culte spirituel) : « Accorde, Seigneur, à ton Église de suivre comme Marie le commandement nouveau, en étant pour tous les peuples le signe de ton amour. » (collecte) ;  « Accorde, Seigneur, à ton Église, en contemplant la Bienheureuse Vierge Marie, de brûler d'une foi ardente, fortifiée par l'espérance de la gloire à venir. » (Prière après la communion). La première lecture (Ac 1, 12-14) et la préface soulignent la prière d'intercession de Marie au Cénacle. La prière sur les offrandes montre que l'Église vénère en Marie le modèle de son culte spirituel afin d'être capable de s'offrir soi-même en sacrifice saint (cf. Rm 12, 1).
     
  • La Messe de Marie, image de l'Église : C'est la constitution Sacrosanctum concilium sur la liturgie qui affirme (n° 103) : « En Marie, l'Église admire et exalte le fruit le plus excellent de la Rédemption et, comme dans une image très pure, elle contemple avec joie ce qu'elle-même désire et espère être tout entière. » En ce sens, on peut parler de Marie comme d'une image prophétique. Marie est l'image du parfait disciple, de la vierge totale, de l'épouse fidèle, de la mère attentive, de la reine couronnée de gloire : ainsi en est-il de l'Église. Ces thèmes sont énumérés dans les textes de la Messe : Disciple (collecte) : « Accorde, Seigneur, à ton peuple, dans son pèlerinage sur terre, de garder les yeux fixés sur Marie pour mieux suivre le Christ. »  Vierge (Préface) : La Vierge qui a donné à Dieu sa foi totalement et sans retour. Épouse (Préface) : Unie au Christ par un amour indissoluble, et associée à sa Passion, Marie est l'image de l'Église toujours plus conformée à son ÉpouxMère (Préface) : Marie, rendue féconde par l'Esprit Saint, attentive au salut de tous les Hommes // l'Église. Reine (Préface) : Marie partage à jamais la gloire de Seigneur ; en elle, l'Église voit sa gloire à venir.

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[1]  On peut relever néanmoins ce texte : [Marie] a apporté à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareil par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère. (LG 61).

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