L'ANNONCE À JOSEPH
Mt 1, 18-25
Dès lors qu’Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n’a pas d’autre parole à nous donner.
Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire.
S. Jean de la Croix (Carm 2, 22, 3)
En ne rapportant aucune parole de S. Joseph, les Évangiles semblent nous dire que le père adoptif de Jésus est vraiment à l'image et à la ressemblance du Père éternel qui n'a qu'une Parole à dire aux hommes : JÉSUS. Voilà donc ce que l'on peut à juste titre appeler un éloquent silence de la part de celui qui prit "un soin affectueux de Marie et s'est consacré avec joie à l'éducation de Jésus Christ", et qui aujourd'hui "est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l'Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle" (Jean-Paul II, Redemptoris Custos).
L'évangile selon S. Matthieu valorise Joseph et le caractérise triplement : il est l'époux de Marie (Mt 1, 16), juste (Mt 1, 19) et fils de David (Mt 1, 20). La première caractéristique le définit par rapport à son épouse enceinte du Messie ; la seconde l'apparente aux justes d'Israël, tel Abraham, et le place au-dessus des nombreux impies de sa généalogie (Mt 1, 1-16) ; la troisième souligne qu'il descend du roi David, de qui devait venir le Messie (Mt 22, 41-42 ; Jn 7, 42). À partir de là, l'évangéliste, qui s'adresse à des Juifs, va montrer comment, tout en étant Fils naturel de Dieu, Jésus, le Messie, descend juridiquement de David par Joseph.
Joseph, époux de Marie : Au moment de l'annonce faite par un ange à Joseph, celui-ci et Marie ne sont pas fiancés, ils sont mariés. Mais, selon la coutume juive, l'époux et l'épouse ne vivaient pas ensemble sitôt le mariage conclu ; le transfert dans la maison du mari se faisait habituellement un an après (Ces deux phases de la conclusion et de la consommation du mariage apparaissent en Dt 22, 23 et 24, 1 ; Lc 1, 56 précise qu'après la Visitation, Marie retourne « chez elle », non chez Joseph) ; d'où la parole de l'ange : « Ne crains pas de recevoir Marie, ta femme ». Voilà néanmoins que Marie, avant leur vie commune chez Joseph, avant donc la consommation du mariage, est trouvée enceinte par l'action du Souffle Saint...
Joseph, le juste : Joseph n'ignore pas que l'enfant vient de Dieu, comme l'indiquent les paroles de l'ange (Mt 1, 20-21 : « ce qui a été engendré en elle, certes vient du Souffle Saint, mais elle engendrera un fils... » ; La traduction habituelle – « ...car ce qui a été engendré en elle... » – aussi recevable, entraîne un questionnement sur les motivations de Joseph sans réponse satisfaisante et ne rend pas compte de la crainte (religieuse) de celui-ci. « S'il avait su que cette conception ne venait pas de l'Esprit, il eût été déloyal de sa part de ne pas la dénoncer publiquement. [...] Il pensa surtout à la renvoyer afin de ne pas commettre de péché en se laissant appeler le père du divin enfant. Il craignit d'habiter avec elle, de peur de déshonorer le nom du fils de la vierge » S. Ephrem le Syrien, Commentaire de l'évangile concordant ou Diatessaron, SC 121, p. 68) ; dès lors, parce qu'il est juste, aimant Dieu avec respect, accomplissant la volonté divine, à l'image de son ancêtre David (1 R 11, 33.38), il ne veut pas se faire passer pour le père de l'Enfant divin, il craint d'usurper la place de Dieu en qui il a reconnu le Père naturel ; il choisit alors de ne pas dévoiler le secret de Marie. Le Seigneur, de qui il avait reçu Marie comme un don – « ayant-été-donnée-comme-épouse à Joseph » (Mt 1, 18) – pouvait bien la lui reprendre (Jb 1, 21). Joseph préfère donc s'effacer. "Joseph est un « homme juste » (Mt 1, 19) parce que son existence est ajustée à la Parole de Dieu", Benoît XVI, Discours du 18 mars 2009.
Joseph, fils de David : Mais le Seigneur est fidèle à ses promesses. Puisqu'Il avait promis que le Messie descendrait de David (2 Sm 7 ; 1 Chr 17, 3-15), et que l'entrée dans un lignage se faisait par l'homme, Il confirme Joseph dans sa mission d'époux et le charge de donner un nom à l'enfant. Joseph adopte légalement celui-ci. Fils de David, Jésus l'est parce que Joseph l'est. Voilà pourquoi, à la différence des songes ultérieurs (Mt 2, 13.20), l'ange appelle ici Joseph « Fils de David ». De même que Marie a obéi au Seigneur pour concevoir le Messie selon la chair (Lc 1, 26-38), en être la mère naturelle, de même Joseph Lui a obéi pour le concevoir selon la Loi, en être le père légal. S. Joseph "manifesta ainsi une disponibilité de volonté semblable à celle de Marie à l'égard de ce que Dieu lui demandait par son messager [...] La foi de Marie rencontre la foi de Joseph. Si Élisabeth a dit de la Mère du Rédempteur : Bienheureuse celle qui a cru, on peut en un sens attribuer aussi cette béatitude à Joseph, car il a répondu affirmativement à la Parole de Dieu quand elle lui a été transmise en ce moment décisif. Joseph, il est vrai, n'a pas répondu à l' « annonce » de l'Ange comme Marie, mais il « fit ce que l'Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui šon épouse ». Ce qu'il fit est pure « obéissance de la foi » (cf. Rm 1, 5; 16, 26; 2 Co 10, 5-6)." (Jean-Paul II, Redemptoris Custos, n° 3 et 4). Par son consentement à la volonté divine, S. Joseph, avec Marie, devint donc le dépositaire du mystère « tenu caché depuis les siècles en Dieu » (cf. Ep 3, 9).
JE VOUS SALUE JOSEPH
Je vous salue Joseph, vous que la grâce divine a comblé ; le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux ; vous êtes béni entre tous les hommes et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.