SERMON DE SAINT ALPHONSE DE LIGUORI SUR LA MORT DE SAINT JOSEPH
Considérez comme S. Joseph, après avoir fidèlement servi Jésus et Marie, arriva au terme de sa vie dans la maison de Nazareth. Là, environné des anges, et assisté du roi des anges, Jésus-Christ, ainsi que de Marie son épouse, qui se placèrent de chaque côté de sa chétive couche, consolé par une si douce et noble compagnie, et conservant jusqu’à la fin un calme tout céleste, il sortit de cette vie misérable. Combien la présence d’une telle épouse et d’un tel fils, d’un fils à qui était dû le titre de Rédempteur, dut rendre douce et précieuse la mort de S. Joseph ! Comment la mort aurait-elle pu lui devenir amère, quand il mourait entre les bras de la vie ?
Qui pourra jamais exprimer, ou même comprendre les pures délices, les consolations, les bienheureuses espérances, les actes de résignation, les flammes de charité qu’excitaient dans le coeur de Joseph les paroles de vie éternelle que lui faisaient entendre tour à tour Jésus et Marie à ce dernier instant de sa vie ? Elle est donc bien raisonnable l’opinion proposée par S. François de Sales, que S. Joseph mourut de pur amour envers Dieu.
Telle fut la mort de notre saint toute paisible, toute suave sans angoisses et sans terreurs, parce que sa vie fut toujours sainte. Mais on ne peut aspirer à une semblable mort quand on a autrefois offensé Dieu, et qu’on a mérité l’enfer. Oui, sans doute ; mais néanmoins ce sera certainement une grande consolation en ce dernier moment que de se voir protégé par S. Joseph. Lui qui jadis se vit obéi de Dieu même, le sera certainement par les démons. Il les chassera et les empêchera au moment de la mort de tenter ceux qui l’invoquent. Bienheureuse l’ame qui en cette extrémité a pour elle ce grand avocat, qui pour être mort avec l’assistance de Jésus et de Marie, et pour avoir sauvé Jésus enfant d’une mort imminente en fuyant en Égypte, jouit du privilège d’être le patron de la bonne mort, et de délivrer ses serviteurs moribonds du péril de la mort éternelle.
PRIÈRE À SAINT JOSEPH, PATRON DE LA BONNE MORT
Mon saint protecteur, vous aviez bien droit à une si sainte mort, puisque toute votre vie fut sainte. Pour moi j’aurais bien raison de ne m’attendre qu’à une mort malheureuse, puisque je l’ai méritée par une mauvaise vie. Mais si vous me défendez je ne saurai me perdre. Non seulement vous avez été un grand ami de mon juge, mais vous fûtes encore son gardien et son père nourricier.
Si vous me recommandez à Jésus il ne saurait me condamner. Mon saint patriarche, je vous choisis après Marie pour mon principal avocat et protecteur. Je vous promets pour le reste de ma vie de vous honorer chaque jour par quelque hommage spécial, et de me mettre sous votre patronage.
Je n’en suis pas digne, mais néanmoins, au nom de l’amour que vous portez à Jésus et à Marie, agréez-moi pour votre serviteur à perpétuité. Au nom de cette douce société que formèrent auprès de vous Jésus et Marie pendant tout le temps de votre vie, protégez-moi tant que je vivrai, afin que je ne me sépare jamais de Dieu, en perdant sa sainte grâce.
Au nom de l’assistance que vous trouvâtes en Jésus et en Marie à l’heure de votre mort, protégez-moi spécialement à l’heure de la mienne, afin que mourant accompagné de vous, de Jésus et de Marie, je vienne un jour vous remercier en paradis, et que je puisse en votre compagnie louer et aimer éternellement votre Dieu.
Vierge très-sainte, vous mon espérance, vous savez bien que par les mérites de Jésus-Christ d’abord, et ensuite par votre intercession, j’espère faire une bonne mort et me sauver ? Marie, ma mère, ne m’abandonnez pas, mais assistez-moi particulièrement au moment décisif de la mort ; obtenez-moi la grâce d’expirer en vous invoquant et en vous aimant, vous, ainsi que Jésus.
Et vous, mon bien-aimé Rédempteur, qui devez être un jour mon juge, je vous en supplie, pardonnez-moi toutes les offenses dont je suis coupable envers vous. Je m’en repens de toute mon ame, mais pardonnez-moi sans retard, avant que ne vienne l’heure de ma mort, où vous devez me juger. Que je suis malheureux d’avoir perdu tant d’années sans vous aimer ! Ah ! faites-moi la grâce de vous aimer et de vous aimer beaucoup pendant ce peu de jours qui me restent.
Et quand sera venue l’heure de mon passage de celle vie à l’éternité, faites-moi mourir tout embrasé d’amour pour vous. Je vous aime, mon Rédempteur, mon Dieu, mon amour, mon tout ; et je ne vous demande pas d’autre grâce que celle de vous aimer.
Je désire et je demande le paradis pour vous aimer de toutes mes forces, et pendant toute l’éternité. Amen, ainsi je l’espère, ainsi-soit-il. Jésus, Joseph, et Marie, je vous donne mon coeur et mon ame. Jésus, Joseph et Marie, dans cette agonie suprême faites-moi mourir en votre compagnie.
PRIÈRE À SAINT JOSEPH POUR LES AGONISANTS
Nous recourons à vous, bienheureux Joseph, Patron des mourants. Vous qui, au moment de votre bienheureux trépas, avez eu présents et veillant sur vous Jésus et Marie : par cette double preuve d’amour nous vous recommandons instamment l’âme de votre serviteur (ou de votre servante) qui est à l’agonie afin que le (la) libériez des embûches du diable, de la mort éternelle et qu’il (elle) mérite de parvenir aux joies éternelles. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur. Amen.