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LE CONCILE DE JÉRUSALEM

Ac 15, 1-35


« Allez, de toutes les nations, faites des disciples... » (Mt 28, 19). Ce commandement du Christ ressuscité à ses Apôtres va être progressivement mis en œuvre par l'Église primitive. Mais le passage de la prédication « aux brebis perdues de la Maison d'Israël » (Mt 10, 5-6 ; 15, 24) à l'annonce de la Bonne Nouvelle aux nations ne fut pas sans soulever de graves débats : 1) La circoncision selon la Loi de Moïse était-elle nécessaire au Salut ? 2) Fallait-il donc obliger les non-juifs convertis au Seigneur Jésus à la recevoir ? 3) Ceux-ci étaient-ils tenus d'observer intégralement la Loi de Moïse ?

 

C'est ainsi qu'eut lieu cet événement appelé par la suite « le Concile de Jérusalem », qui fut le premier Concile de l'Église et qui définit les conditions d'admission des non-juifs dans la communauté chrétienne. Comme tous les Conciles qui ont jalonné l'Histoire de l'Église depuis lors, celui de Jérusalem fut un « événement de l'Esprit »[1] Saint. Ceux qui le menèrent à bien, à commencer par les Apôtres, en avaient une vive conscience. Ne déclarent-ils pas en effet dans la lettre décrétale qui le conclut : « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé... » (Ac 15, 28) ? C'est que, S. Irénée de Lyon le soulignera plus tard, « là où est l'Église, se trouve l'Esprit de Dieu, et là où est l'Esprit de Dieu, se trouve l'Église et toute grâce » (AH III, 24, 1).

 

Les décisions du Concile de Jérusalem visèrent à éviter un schisme entre les chrétiens venus du judaïsme et les chrétiens issus du paganisme, en interdisant à ceux-ci l'usage de choses défendues et particulièrement odieuses aux Juifs : 1) L'abstention d'aliments offerts en partie aux idoles dans les cultes païens : mesure destinée à ne pas faire croire que l'on adore encore les faux-dieux et que l'on est en communion avec les démons qu'ils sont en réalité ; mesure de prudence, évidemment par rapport aux autres, mais aussi peut-être par rapport à soi-même quand on sait l'usage de nourriture maléficiée que font les sorciers pour dévaster la vie physique, psychique et spirituelle de leurs victimes, et le grand nombre d'exorcismes qu'il faut généralement pour être libéré ; 2) Deuxième mesure : l'abstention du sang et de la viande non-saignée : cette condition était en deçà de l'Alliance mosaïque et se référait à l'Alliance avec Noé (Gn 9, 4) qui, elle, concernait toute l'humanité sortie de lui ; 3) Enfin, l'abstention des unions illégitimes, pour remédier à l'immoralité sexuelle très en vogue parmi les nations et incompatible avec le dessein divin sur le mariage dès l'origine du monde (Gn 2, 18-24).

 

On le voit, ces mesures se recommandaient par leur sagesse et ménageaient les uns et les autres. Il en allait déjà de l'unité des chrétiens, de la paix des cœurs et, en dernière analyse, du salut des âmes qui, selon l'actuel droit canonique, « doit toujours être la loi suprême dans l'Église »[2].

 

De ce premier Concile de l'Église, nous pouvons tirer plusieurs leçons : 1) Il y a place pour les débats dans l'Église ; 2) L'Esprit Saint est « l'artisan principal de l'édification de l'Église »[3] : « L'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, disait Jésus à ses Apôtres lors de la dernière Cène, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26) ; et aussi : « Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13) ; 3) La décision finale en ce qui concerne la foi et les mœurs appartient à ceux qui ont reçu autorité de la part du Christ : « Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m'a envoyé » (Lc 10, 16), disait encore Jésus ; 4) « Chaque Concile naît de l'Église et retourne à l'Église »[4] ; 5) S'opposer aux décisions d'un Concile revient à s'opposer à Dieu lui-même et à l'Église qu'il a instituée, cette « cité sainte » qui descend « du ciel, d'auprès de Dieu », toute illuminée de Sa gloire.

 

L'Esprit Saint qui est Dieu ne peut ni se tromper, ni se contredire, ni nous tromper. C'est lui qui, au fil des Conciles, malgré et avec les faiblesses humaines, ne cesse de guider l'Église vers les noces éternelles avec son Seigneur. Éclairée par ce même Esprit, il revient toujours à l'Église, donc à chacun de nous, d'accueillir Son enseignement dans la continuité avec les précédents Conciles, en bannissant toute psychorigidité, toute sclérose, tout immobilisme de principe, toute indocilité, tout passéisme, qui sont des comportements de mort.

 

Viens, Esprit Saint vivifiant !
Ouvre nos cœurs à Ton dynamisme !

 

Viens, Garant de la Tradition vivante !
Assouplis nos raideurs !

 

Viens, Souffle divin !
Emporte-nous vers l'éternelle Vie !


[1] Benoît XVI, Audience générale du 1er octobre 2008, « Le Concile de Jérusalem et l'incident d'Antioche ».

[2] Code de droit canonique, n° 1752.

[3] Benoît XVI, Audience générale du 1er octobre 2008, « Le Concile de Jérusalem et l'incident d'Antioche ».

[4] Ibid.