LE PURGATOIRE (3)

Si elle est de foi et requiert l'adhésion des fidèles catholiques, la doctrine sur le Purgatoire et les liens entre les âmes du Purgatoire et les vivants semble néanmoins devoir être approfondie. L'expérience de ceux et celles qui exercent un ministère de guérison et de délivrance appelle en effet un développement théologique à ce sujet. Dans son livre Le Combat avancé de l’Église (Éditions de l’Archistratège, 2004, pp. 90-94), l'Archimandrite Philippe Tournyol du Clos aborde en passant la question de ce qu'il appelle "les morts liés" (enfants morts-nés, enfants sacrifiés, âmes maudites, âmes errantes), et il écrit :

On a constaté que des enfants victimes de fausses-couches, très souvent oubliés par leurs proches, seraient comme entravés dans leur progression vers l’au-delà. Corrélativement, ce manque d’affection peut offrir l’explication à certains maux physiques, moraux et troubles divers qui affectent lieux, parents ou membres de leur famille, sans que l’on doive inférer d’une influence démoniaque.

La pratique généralisée et légalisée de l’avortement (50 millions dans le monde par an) est une véritable liturgie cultuelle en faveur de l’antéchrist parce qu’elle prépare l’établissement de son église et son avènement personnel.

Bien des fois, des liens psychologiques et même certaines maladies – anorexie, boulimie, diabète ou dépendances diverses (alcool notamment) –, ont disparu quand des parents ont pris conscience qu’il fallait : 1) se confesser de ce crime contre nature ; 2) demander pardon aux enfants qu’ils avaient oubliés et/ou dont ils avaient avorté ; 3) les aimer comme des êtres chers qui sont vivants. Il semble audacieux de soutenir que leur indifférence et leur insensibilité avaient comme lié ces innocents dans un pénible état intermédiaire ; il est cependant amplement prouvé que cette prise de conscience a eu pour effet de délier ces parents (tourmentés) qui présentaient une réceptivité suffisante pour répondre à leur demande prière et d’affection. [...]

Par ailleurs, certaines âmes semblent freinées dans leur travail de purification personnelle pour six raisons au moins :

- Quand elles sont objet de blasphèmes ou de malédiction, même après leur décès, notamment de la part de leurs proches.

- Quand elles sont mortes dans un état de désespérance profond, ce qui est le cas des suicidés.

- Quand elles ont été surprises par une morte violente, sans avoir le temps de se ressaisir.

- Quand elles n’ont pas eu de funérailles, ou dont la disparition n’a pas été pleurée.

- Quand on a volé leur mort par le crime de l’euthanasie.

- Quand leurs restes mortels ont été maléficiés pour servir à des rites magiques.

Ces âmes auxquelles personne ne pense ont absolument besoin de prières et tout particulièrement de messes. Cet acte de grande charité profite à tout le Corps Mystique de l’Église, mais en particulier à leurs descendants (directs ou indirects) qui peuvent ainsi être guéris d’un grand nombre de maladies et de troubles pathologiques, dont la cause profonde est à rechercher dans certains de ces liens ancestraux [1].

[Quant aux âmes dites "errantes"], on en trouve beaucoup sur les anciens champs de bataille, là où ont été perpétrés des massacres ; ou encore sur des sites préhistoriques ou d’antiques cimetières païens. Si, à des degrés divers, elles peuvent tourmenter des vivants, c'est pour attirer leur attention sur leur état d’errance qui leur est extrêmement difficile à supporter.

Les âmes qui ne se sont pas préparées à paraître devant Dieu, ou ont connu une mort violente, souffrent beaucoup de ne pas profiter des suffrages que nous devons offrir pour elles, surtout si un lien de parenté, même lointain dans le temps, les unit à nous. Certaines d’entre elles subissent, dans les niveaux inférieurs du Purgatoire, des souffrances voisines de celles de l’enfer : c'est ainsi que des démons peuvent être utilisés pour purifier ces âmes d’une façon très spéciale (eux-mêmes en sont d’ailleurs durement torturés). Certaines peuvent être momentanément « récupérées » par Satan pour tourmenter des vivants et se retrouver dans des possédés. Il ne faut donc pas conclure rapidement à la présence et à l’action d’une âme damnée : il peut s’agir d’une âme errante.

                                                                                                                                                                           Le Purgatoire (4)


[1] On se reportera aux travaux du Docteur Kenneth McAll, auteur du Guide de la Guérison de l’Arbre Généalogique, 1999, Éditions bénédictines.