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PRIER LES PSAUMES (4)

Extraits de la Préface Générale à la Liturgie des Heures (suite)

 III. La Liturgie des heures : La sanctification du temps

10. Puisque le Christ nous a ordonné: "Il faut toujours prier, sans se lasser" (Lc 18, 1), l'Église, obéissant fidèlement à cette recommandation, ne cesse jamais de prier et nous y invite par ces paroles: "Par lui (Jésus) offrons toujours à Dieu le sacrifice de louange" (He 13, 15). Ce précepte est accompli non seulement par la célébration de l'Eucharistie, mais également d'autres façons, et surtout par la Liturgie des heures, qui a en propre, par rapport aux autres actes liturgiques, suivant l'ancienne tradition chrétienne, de consacrer tout le cycle du jour et de la nuit (Cf. Ibid., nn. 83-84).

11. Sanctifier la journée et toute l'activité humaine est l'un des buts de la Liturgie des heures; aussi le déroulement de celle-ci a-t-il été restauré de façon à rendre aux heures, autant que possible, la vérité du temps et à tenir compte également des conditions de la vie actuelle (Cf. Ibid., n. 88).

C'est pourquoi "il importe, soit pour sanctifier véritablement la journée, soit pour célébrer les heures elles-mêmes avec fruit spirituel, que, dans la prière des heures, on observe le moment qui se rapproche le plus du temps véritable de chaque heure canonique" (Cf. Ibid., n. 94)
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Relation de la liturgie des heures avec l'Eucharistie

12. La Liturgie des heures étend aux différents moments de la journée (Cf. Décr. sur le ministère et la vie des prêtres, Presbyterorum ordinis, n. 5) la louange et l'action de grâce, de même que la commémoration des mystères du salut, la supplication, l'avant-goût de la gloire céleste qui sont contenus dans le mystère eucharistique, "centre et sommet de toute la vie de la communauté chrétienne" (Décr. sur la charge pastorale des évêques, Christus Dominus, n. 30).

La célébration eucharistique elle-même trouve dans la Liturgie des heures une excellente préparation, car celle-ci éveille et nourrit comme il faut les dispositions nécessaires pour une célébration fructueuse de l'Eucharistie, comme la foi, l'espérance, la charité, la dévotion et l'esprit de sacrifice.


Accomplissement de la fonction sacerdotale du Christ dans la Liturgie des heures

13. L'oeuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu" (Cf. Const. sur la Liturgie, n. 5), le Christ l'exerce, dans l'Esprit Saint et par l'Église, non seulement quand on célèbre l'Eucharistie et quand on administre les sacrements, mais également, et d'une manière particulière, quand se déroule la Liturgie des heures (Cf. Ibid., nn. 83 et 98). Il est lui-même présent dans cette liturgie pendant que la communauté est rassemblée, que la Parole de Dieu est proclamée et « que l'Église prie et chante les Psaumes » (Ibid., n. 7).

Sanctification de l'homme

14. La sanctification de l'homme s'opère (Cf. Ibid. n. 10) et le culte de Dieu s'exerce dans la Liturgie des heures de manière à instaurer une sorte d'échange ou de dialogue entre Dieu et les hommes, par lequel «Dieu parle à son Peuple... et le peuple répond à Dieu par les chants et la prière» (Ibid., n. 33).

Ceux qui y participent peuvent retirer de la Liturgie des heures, par la vertu de la parole salutaire de Dieu, qui y tient une place importante, une grande richesse de sanctification. En effet, les lectures sont tirées de l'Écriture, les paroles de Dieu transmises dans les psaumes sont chantées en sa présence, et les autres prières, oraisons et hymnes, naissant également de son inspiration et d'un élan profond qui vient de lui (Cf. Ibid., n. 24).

Ce n'est donc pas seulement quand on lit « ce qui a été écrit pour notre enseignement » (Rm 15, 4), mais aussi quand l'Église prie ou chante, que la foi de ceux qui y participent est nourrie, que les âmes sont entraînées vers Dieu pour lui offrir un hommage spirituel et pour recevoir sa grâce plus abondamment (Ibid., n. 33).


Louange offerte à Dieu en union avec l'Église du Ciel

15. Dans la Liturgie des heures, l'Église, en exerçant la fonction sacerdotale de son Chef offre à Dieu "sans relâche" (1 Th 5, 17) le sacrifice de louange, c'est-à-dire « le fruit de lèvres qui confessent son nom » (Cf. He 13, 15). Cette prière est "la voix de l'Épouse elle-même qui s'adresse à son Époux et, mieux encore, c'est la prière du Christ que celui-ci, avec son Corps, présente au Père" (Const. sur la Liturgie n. 84). « Par conséquent, tous ceux qui assurent cette charge accomplissent l'office de l'Église et, en même temps, participent de l'honneur suprême de l'Épouse du Christ, parce qu'en acquittant les louanges divines, ils se tiennent devant le trône de Dieu au nom de la Mère Église » (Ibid., n. 85.)

16. Par la louange des Heures offerte à Dieu, l'Église s'associe au divin chant de louange que chante de toute éternité le Fils (Cf. Ibid., n. 83) en même temps, elle perçoit un avant goût de la louange céleste, décrite par saint Jean dans l'Apocalypse, qui résonne sans cesse devant le trône de Dieu et de l'Agneau. En effet, notre union étroite avec l'Église du ciel se réalise lorsque «nous proclamons, dans une joie commune, la louange de la divine Majesté; tous, rachetés dans le sang du Christ, de toute tribu, langue, peuple ou nation (Cf. Ap 5, 9) et rassemblés en l'unique Église, nous glorifions le Dieu un en trois Personnes dans un chant unanime de louange» (Const. dogm. sur l'Église, Lumen Gentium, n. 50 ; cf. Const. sur la Liturgie nn. 8 et 104).

Cette liturgie céleste, les prophètes l'ont contemplée à l'avance dans la victoire du jour sans nuit, de la lumière sans obscurité: « Tu n'auras plus le soleil comme lumière le jour, la clarté de la lune ne t'éclairera plus, mais le Seigneur sera ta lumière éternelle» (Is 60, 19 ; cf. Ap 21, 23.25). « Ce sera un jour merveilleux  le Seigneur le connaît !  sans alternance de jour et de nuit: au temps du soir il fera clair » (Za 14, 7). Or, « les derniers temps sont arrivés pour nous (Cf. 1 Co 10, 11). Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en toute réalité, anticipé dès maintenant» (Lumen Gentium, n. 48). Ainsi par la foi, nous sommes instruits même sur le sens de notre Vie temporelle, pour vivre, avec toute la création, dans l'attente de la manifestation des fils de Dieu (Cf. Rm 8, 19). Dans la Liturgie des heures, nous proclarnons cette foi, nous exprimons et nourrissons cette espérance, nous participons en quelque sorte à la joie de la louange perpétuelle et du jour qui ne connaît pas de crépuscule.

Supplication et intercession

17. Mais outre la louange de Dieu, l'Eglise apporte dans la liturgie les appels et les désirs de tous les fidèles du Christ, et c'est même pour le salut du monde entier qu'elle interpelle le Christ et, par lui le Père (Cf. Cons. sur la Liturgie, n. 83). La voix qu'on entend ici n'est pas seulement celle de l'Église, elle est aussi celle du Christ, puisque les prières sont prononcées au nom du Christ, c'est-à-dire « par Jésus Christ notre Seigneur » ; et ainsi l'Église continue de dire les prières et les supplications que le Christ a faites aux jours de sa vie dans la chair (Cf. He 5, 7) et qui, pour cette raison, ont une efficacité particulière. Ce n'est donc pas seulement par la charité, par l'exemple et par les oeuvres de pénitence, mais également par la prière que la communauté ecclésiale exerce un véritable rôle maternel envers les âmes pour les conduire au Christ (Cf. Presbytererum ordinis, n. 6.). Ceci concerne principalement tous ceux qui ont reçu un mandat spécial d'accomplir la Liturgie des heures  à savoir, les évêques et les prêtres, qui prient d'office pour leur peuple et pour tout le peuple de Dieu (Cf. Lumen Gentium, n. 41), et certains ministres dans les ordres sacrés, ainsi que les religieux (Cf. infra, n. 24).


Sommet et source de l'action pastorale

18. Ceux qui participent à la Liturgie des heures, contribuent donc par une mystérieuse fécondité apostolique à accroître le peuple du Seigneur (Cf. Décret. sur la rénovation de la vie religieuse, Perfectae caritatis n. 7), car tout labeur apostolique vise « à ce que tous devenus enfants de Dieu par la foi et le baptême, se rassemblent, louent Dieu au milieu de l'Église, participent au sacrifice et mangent la Cène du Seigneur » (Const. sur la Liturgie, n. 10).

C'est ainsi que les fidèles expriment par leur vie et manifestent aux autres « le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église. Car il appartient en propre à celle-ci d'être... visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l'action et occupée à la contemplation, présente au monde et pourtant étrangère » ( Ibid., n. 2).

Dans un autre sens, les lectures et les prières de la Liturgie des heures constituent une source de vie chrétienne. En effet, c'est à la table de la sainte Écriture et des paroles des saints que cette vie se nourrit, et elle puise sa vigueur dans la prière. Car seul le Seigneur, sans qui nous ne pouvons rien faire (Cf. Jn 15, 5), peut donner efficacité et prospérité à nos oeuvres (Cf. Const. sur la Liturgie, n. 86) si nous le lui demandons, afin que nous soyons, jour après jour, intégrés dans la construction du temple de Dieu dans l'Esprit (Cf. Ep 2, 21-22), de façon à atteindre la force de l'âge qui correspond à la plénitude du Christ (Cf. Ep 4, 13), et qu'en même temps nous accroissions nos forces pour annoncer la bonne nouvelle du Christ à ceux du dehors. (Cf. Const. sur la Liturgie, n. 2).


Que l'âme s'accorde avec la voix

19. Pour que cette prière appartienne en propre à chacun de ceux qui y participent, pour qu'elle soit source de piété, et de la grâce divine dans toute sa richesse, et aussi aliment d'oraison personnelle et d'action apostolique, il faut que dans son accomplissement digne, attentif et fervent, l'âme s'accorde avec la voix (Cf. Ibid., n. 90 ; Règle de S. Benoît, c. 19). Que chacun s'applique à coopérer avec la grâce d'en haut pour ne pas la recevoir en vain. En cherchant le Christ et en pénétrant toujours plus intimement dans son mystère par la prière (Cf. Décr. Presbyterorum ordinis, n. 14 ; Décr. sur la formation des prêtres, Optatam totius, n. 8), que tous louent Dieu et lui présentent leurs supplications dans le même esprit qui animait la prière du divin Rédempteur lui-même.

Prier les Psaumes (5)