COMMENTAIRE DU PSAUME 32


Introduction

 

Psaume d'action de grâce individuelle composé à la suite de la remise par Dieu d'une faute commise. Mais, répondant à une intention didactique, il vise, sous une forme quasi homilétique, à faire comprendre que l'aveu des péchés procure le pardon de Dieu, qu'il fait échapper aux châtiments de sa justice et permet de recouvrer le bonheur. La première partie relève du genre de l'autobiographie édifiante (v. 1 à 7) ; la seconde relève du genre sentencieux, de l'admonition morale (v. 8 à 10) ; le verset 11 est un centon[1] liturgique.

 

Commentaire

 

 

1 De David. Poème.
Heureux qui est absous de son péché,
acquitté de sa faute !
2
Heureux l'homme à qui le Seigneur
ne compte pas son tort,
et dont l'esprit est sans fraude !

 

Exultation du pécheur sincèrement réconcilié avec Dieu. Bien que non adressée à Dieu, l'exclamation béatifique équivaut à une action de grâce. Le péché est l'anti-thèse du bonheur.

 

3 Je me taisais,
et mes os se consumaient à rugir tout le jour ;
4
la nuit, le jour, ta main pesait sur moi ;
mon cœur était changé en un chaume
au plein feu de l'été.

 

Le psalmiste a longtemps tardé à avouer sa faute au Seigneur. Ce fut un épuisement de tout son être. Avant l'aveu : l'accablement. La pédagogie divine amène le pécheur, par la punition, à la reconnaissance du péché et à la confession des fautes.

 

5 Ma faute, je te l'ai fait connaître,
je n'ai point caché mon tort ;
j'ai dit : « J'irai confesser mon péché au Seigneur. »
Et toi, tu as absous mon tort,
pardonné ma faute.

 

Après l'aveu : le soulagement du pardon. Le psalmiste est alors léger ; sa gratitude fait place à son angoisse. « Heureux celui qui accepte d'être sauvé, c'est en cela qu'il est juste » (Emmanuel). La confession a été récompensée. Qui s'abaisse sera élevé. « J'ai dit » : acte volontaire ; cf. Lc 15, 18.

 

6 Aussi [que] chacun des tiens te prie
à l'heure de l'angoisse.
Que viennent à déborder les grandes eaux,
elles ne peuvent l'atteindre.
7
Tu es pour moi un refuge,
de l'angoisse tu me gardes,
de chants de délivrance tu m'entoures.

 

Le psalmiste veut que ses coreligionnaires retiennent cette leçon : l'aveu est le grand moyen d'éviter la justice divine et de rentrer en grâce. Ici, l'angoisse, les grandes eaux, l'effroi sont les tourments divers qui accompagnent le remords à titre de châtiment divin du péché. Les chants de délivrance sont la joie de l'homme pardonné et réconcilié avec Dieu.


8 Je t'instruirai, je t'apprendrai la route à suivre,
les yeux sur toi, je serai ton conseil.
9
Ne sois pas comme le cheval ou le mulet
qui ne comprend ni la rêne ni le frein :
qu'on s'avance pour le dompter,
rien à faire pour qu'il s'approche de toi !
10
Nombreux sont les tourments pour l'impie ;
qui se fie dans le Seigneur, la grâce l'entoure.

 

Admonition morale qui peut être un oracle transmis par un prêtre au cours d'une cérémonie de réparation ou plus probablement une sentence morale émanant du psalmiste lui-même qui se fait maître de sagesse et qui nous dit que la sagesse consiste à se conformer de bon gré aux volontés divines afin d'éviter le châtiment des impies.

 

11 Réjouissez-vous dans le Seigneur,
exultez, les justes,
jubilez, tous les cœurs droits.

 

Exclamation qui équivaut à un encouragement à l'adresse de toute la communauté d'Israël à demeurer fidèle au Seigneur. Les « cœurs droits » sont justement ceux qui se gardent du péché.


[1] Du latin cento : habit rapiécé ; pièce de vers ou de prose faite de fragments empruntés à divers auteurs.

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