COMMENTAIRE DU PSAUME 31


Introduction

 

Chant d'un juste éprouvé qui évoque les circonstances de son malheur et qui proclame sa confiance indéfectible dans le Seigneur, sa certitude d'une prompte libération et sa gratitude pour les bienfaits divins à son égard.

 

On peut diviser ce psaume en quatre parties :

 

  1. v. 1 à 9 : Prière confiante

  2. v. 10 à 19 : Supplication angoissée

  3. v. 20 à 23 : Hommage de reconnaissance au Seigneur

  4. v. 24 à 25 : Épilogue

 

Commentaire

 

1 Du maître de chant.
Psaume. De David [LXX : en émoi].

2
En toi, Seigneur, j'ai mon abri,
Sur moi pas de honte à jamais ! (Jr 17, 17)
En ta justice affranchis-moi, délivre-moi,
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tends l'oreille vers moi, hâte-toi !

 

Prière confiante et appel à la justice divine qui témoigne de la condition innocente du plaignant. S. Thomas d'Aquin dit que l'attribut divin de justice n'est pas seulement en Dieu la faculté de punir, mais aussi celle de pardonner et de délivrer (De veritate, 28, 1, 8). La justice de Dieu est une justice salvifique ; elle apporte d'abord la justification.

 

Sois pour moi un roc de force,
une maison fortifiée qui me sauve ;
4
car mon rocher, mon rempart, c'est toi,
pour ton nom, guide-moi, conduis-moi !

 

Le Seigneur est le seul lieu où l'on est en sûreté. C'est une louange implicite.
Le salut du psalmiste en va de l'intérêt de Dieu, de son honneur.

 

5 Tire-moi du filet qu'on m'a tendu,
car c'est toi ma force ;
6
en tes mains je remets mon esprit [= ma vie : Gn 2, 7 ; Ps 104],
c'est toi qui me rachètes, Seigneur.

 

Le filet est l'image des situations critiques. Le psalmiste constitue le Seigneur gardien de sa vie en cette crise. Littéralement, il lui consigne son esprit : consigner, c'est déposer un objet précieux entre les mains de quelqu'un en vue de le reprendre en temps opportun. Jésus a chanté le verset 6a sur la croix (Lc 23, 46) ; de même le diacre Étienne lors de son martyr (Ac 7, 59).

 

Dieu de vérité [fidélité],
7
tu détestes les servants de vaines idoles ;
pour moi, je suis sûr du Seigneur :
8
que j'exulte et jubile en ton amour !

 

Le psalmiste rappelle au Seigneur qu'il est son fidèle, qu'il ne s'est pas compromis avec les idoles (statues, argent, honneur, pouvoir, amis puissants...). Il trouve dans la fidélité de son Dieu la certitude de sa prochaine délivrance.


Toi qui as vu ma misère,
connu l'oppression de mon âme,
9
tu ne m'as point livré aux mains de l'ennemi,
tu as mis au large mes pas.

 

Espérance éclatante du psalmiste. Il se sait déjà délivré, libre et en sécurité.

 

10 Pitié pour moi, Seigneur,
l'oppression est sur moi !
Les pleurs me rongent les yeux,
la gorge et les entrailles.

 

La certitude de foi qui précède n'enlève rien toutefois à la détresse présente.
Le psalmiste décrit sa souffrance pour émouvoir le Seigneur. C'est une prière d'insinuation.

 

11 Car ma vie se consume en affliction
et mes années en soupirs ;
ma vigueur succombe à la misère
et mes os se rongent.

 

Complément sur le thème de la souffrance physique. Épuisement total (Jr 8, 18 ; 20, 18).

 

12 Tout ce que j'ai d'oppresseurs
fait de moi un scandale ;
pour mes voisins je ne suis que dégoût,
un effroi pour mes amis.

 

En raison de son mal, le psalmiste est devenu pour tous un objet de répulsion : on le fuit comme on fuit un contagieux, un maudit (Jr 15, 15 ; Job). Sa douleur est d'autant plus vive que même les proches le délaissent.

 

Ceux qui me voient dans la rue
s'enfuient loin de moi,
13
comme un mort oublié des cœurs,
comme un objet de rebut.

 

Développement du thème précédent. Le psalmiste se sent, se sait, se voit abandonné, oublié, évité (Jr 19, 11).
Plus personne ne prête attention à lui.

 

14 J'entends les calomnies des gens,
terreur de tous côtés !
ils se groupent à l'envi contre moi,
complotant de m'ôter la vie.

 

Le psalmiste se voit la cible de propos malfaisants.
Non seulement on l'évite, mais plus encore on l'attaque, on complote contre lui. (Jr 20, 7...13 ; 11, 19).

 

15 Et moi, je m'assure en toi, Seigneur,
je dis : C'est toi mon Dieu !
16
Mes temps sont dans ta main,
délivre-moi, des mains hostiles qui s'acharnent ;

 

Retour à l'idée de la consignation du sort à venir entre les mains de Dieu.

 

17 fais luire ta face sur ton serviteur,
sauve-moi par ton amour.
18
Seigneur, pas de honte sur moi qui t'invoque,
mais honte sur les impies !

 

Le patient attend son salut de la seule grâce de Dieu qui le réhabilitera aux yeux de tous.
Les ennemis, eux, seront confondus (Jr 17, 18).

 

Qu'ils aillent muets au Shéol ;
19
silence aux lèvres de mensonge
qui parlent du juste insolemment
avec superbe et mépris !

 

La supplication s'achève par des imprécations.
Les impies doivent payer dans la mort tout le tort qu'ils ont fait au juste, notamment par leurs calomnies et leur arrogance.

 

20 Qu'elle est grande, Seigneur, ta bonté !
Tu la réserves pour qui te craint,
tu la dispenses à qui te prend pour abri
face aux fils d'Adam.

 

Début de l'action de grâce, mais la perspective reste celle de la foi. C'est un acte de foi au Dieu Amour malgré les épreuves.

 

21 Tu les caches au secret de ta face [tes ailes],
loin des intrigues des hommes ;
tu les mets à couvert sous la tente,
loin de la guerre des langues.

 

Le psalmiste sait d'expérience que l'action divine consiste à procurer au suppliant menacé un abri efficace.

 

22 Béni soit le Seigneur qui fit pour moi
des merveilles d'amour en une ville de rempart !

 

Action de grâce sous forme de bénédiction pour le secours désormais considéré comme certain.

 

23 Et moi je disais en mon trouble :
"Je suis ôté loin de tes yeux !"
Et pourtant tu écoutas la voix de ma prière
quand je criai vers toi.

 

Le psalmiste croit sans hésiter que sa prière a été entendue au moment même où il cédait au découragement
et pensait être définitivement abandonné de Dieu.

 

24 Aimez le Seigneur, tous les siens :
il garde les fidèles,
mais le Seigneur rétribue avec usure
celui qui fait l'orgueilleux.
25
Courage, reprenez cœur, vous tous
qui espérez le Seigneur !

 

Exhortation générale aux fidèles du Seigneur d'avoir à l'aimer, à mettre leur confiance en Lui,
car les méchants ne peuvent tenir devant Lui.

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