COMMENTAIRE DU PSAUME 28

 

Introduction

 

Psaume individuel où le psalmiste exprime son désir de ne pas subir le sort dû aux impies. Pour lui, la mort prématurée est un châtiment réservé aux pécheurs. Si le Seigneur l'abandonnait, il le traiterait comme un infidèle. Le verset 7 invite à retenir comme objet et circonstance du psaume une maladie grave, mettant en péril la vie du psalmiste.

 

Le psaume peut se diviser en trois parties :

 

  1. v. 1 à 5 : Supplication

  2. v. 6 à 7 : Action de grâce

  3. v. 8 à 9 : Addition liturgique

 

NB : Le mot Dieu n'apparaît jamais dans ce psaume ; le mot Seigneur y apparaît sept fois.

 

1) Supplication

 

1 De David.
Vers toi, Seigneur [mon rocher], j'appelle,

(mon rocher), ne sois pas sourd [devant moi] !
que je ne sois, devant ton silence,
comme ceux qui descendent à la fosse !

 

Le recours au Seigneur comme rocher (solidité, possibilité d'appui, de stabilité) est bien naturel de celui qui est en danger de mort. Il y a urgence ; le psalmiste est au bord de la tombe. Il se voit déjà au Shéol.

 

2 Écoute la voix de ma prière
quand je crie vers toi,
quand j'élève les mains, Seigneur,
vers ton Saint des Saints.

 

Insistance dans l'imploration. Tout l'être du psalmiste est en prière et le geste renforce la supplication (importance du corps ; cf. ST IIa IIæ, Q. 83).

 

Le Saint des Saints : la partie la plus sainte du Temple ; le lieu où se trouve l'arche (1 R 7, 49).

 

3 Ne me traîne pas avec les impies,
avec les malfaisants,
qui parlent de paix à leur prochain,
et le mal est dans leur cœur.

 

Le psalmiste ne veut pas être traité comme les pécheurs et les hypocrites. Sa loyauté envers Dieu et les hommes justifie sa prétention de survivre à son épreuve. Dieu ne saurait traiter de même innocents et pervers.

 

4 Donne-leur, Seigneur, selon leurs œuvres
et la malice de leurs actes,
selon l'ouvrage de leurs mains donne-leur,
paie-les de leur salaire.

 

Le psalmiste demande l'application de la loi du Talion (de talis : tel ; cf. 2 S 3, 39). Insistance sur le châtiment dû aux impies pour affirmer son innocence.

 

5 Ils méconnaissent les œuvres du Seigneur,
l'ouvrage de tes mains :
qu'il les abatte et ne les rebâtisse !

 

Le psalmiste s'abandonne à une réflexion personnelle sur la cause de la perversité que le Seigneur se doit de châtier.

 

2) Action de grâce

 

6 Béni soit le Seigneur, car il écoute
la voix de ma prière !
7
Seigneur ma force et mon bouclier,
en lui mon cœur a foi ;
j'ai reçu aide, ma chair a refleuri,
de tout cœur je rends grâce.

 

Sans transition, le psalmiste chante sa reconnaissance. Non qu'il vienne d'être exaucé, mais parce qu'il sait d'un regard de foi que le Seigneur va intervenir en sa faveur. D'ores et déjà il se sait guéri. Il l'est en espérance. Dieu ne saurait refuser ce dont on le remercie à l'avance. Mc 11, 24 : « Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l'avez déjà reçu, et cela vous sera accordé » ; Jn 11, 41 : « Père, je te rends grâces de m'avoir écouté ».

 

La tradition chrétienne entend le verset 7cd de la Résurrection du Christ et de ses disciples. S. Jérôme : Caro Christi in resurrectione refloruit ; quippe resurreximus cum Christo (PL 26, 899).

 

3) Addition liturgique

 

8 Le Seigneur, force pour son peuple,
forteresse de salut pour son messie.
9
Sauve ton peuple, bénis ton héritage,
conduis-les, porte-les à jamais !

 

Adaptation du psaume au profit d'Israël et de son chef. La notion d'héritage suppose le Seigneur propriétaire d'un bien ; elle passe ici du pays possédé par le Seigneur (Ex 15, 17) au peuple qui y habite.