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COMMENTAIRE SUR LE PSAUME 6


Le psalmiste souffrant d'une maladie grave voit sa douleur accrue par l'hostilité d'adversaires sans doute enchantés de sa condition précaire, et par l'abandon apparent du Seigneur. La maladie est liée selon lui à une faute commise et c'est pourquoi il en appelle à la miséricorde divine. L'Église, dès le VIe s., a inscrit ce psaume au nombre des psaumes de la pénitence, et en tête des Ps 32, 38, 51, 102, 130, 143[1].

 1 Pour le maître de choeur. Sur les lyres à huit cordes. Psaume de David.


... à huit cordes
: Sens incertain ; le sens littéral du mot hébreu est “huit”. On peut y voir l'indication d'un accompagnement musical à basse octave qui donnerait au poème un ton plus solennel, ou une référence à la tonalité d'un instrument de musique à huit cordes (cf. 1 Ch 15, 21). Le Ps 11 porte le même titre.

 2 Seigneur, ne me reprends pas en ta fureur,
et ne me corrige pas en ta colère.


É
puisé par la maladie, mais conscient de ses responsabilités morales de pécheur, le psalmiste sollicite de Dieu un traitement moins rigoureux. Dieu corrige par des paroles (prophètes, Loi) et par des châtiments, non pour détruire mais pour ramener sur le droit chemin de la vie éternelle. Sa colère est sa réaction devant un comportement humain mauvais. Dans la théologie juive, la maladie est considérée comme un châtiment divin pour le péché. Pour une étude approfondie de la doctrine chrétienne sur la souffrance, cf. la lettre apostolique du Pape Jean-Paul II sur le sens chrétien de la souffrance humaine.

 3 Pitié pour moi, Seigneur, car je suis faible ;
guéris-moi, Seigneur, car mes os sont bouleversés.
4 Et mon souffle est grandement perturbé.


Appel à la miséricorde. Les os sont le siège de la douleur physique.

 
Mais, toi, Seigneur, jusques à quand ?
5 Reviens, Seigneur, délivre-moi ;
sauve-moi en raison de ta miséricorde.


« Mais toi, Seigneur, Jusques à quand ? » : expression qui revient 7 fois dans le Psautier (cf Ps 74, 10 ; 80, 5 ; 82, 2 ; 90, 13 ; 94, 3[x2]). S. Augustin note que Dieu n'a pas à revenir vers sa créature car Il lui est toujours présent, mais à faire en sorte que sa créature entre dans les sentiments qui l'ouvriront à ses faveurs. Le cri du psalmiste fait fond sur la miséricorde divine.

 6 Car, dans la mort, il n'est pas de souvenir de toi ;
dans le Shéol, qui te confessera ?


Pieux chantage du psalmiste dont la mort nuirait en quelque sorte au Seigneur, puisque la louange divine ne retentirait plus dans sa bouche ? Ou réelle détresse devant le malheur que serait l'impossibilité de ne plus louer son Dieu ? La mort étant impure ne peut pas en effet louer Dieu (cf. Is 38, 8). Le Shéol Hadès dans les LXX – est une demeure mystérieuse et souterraine où les morts vivotent.

 7 Je suis épuisé à force de gémir,
chaque nuit je baigne ma couche de mes larmes ;
j'inonde mon lit de mes pleurs.
8 mes yeux sont rongés par le chagrin,
j'ai vieilli parmi tous mes adversaires.

Le psalmiste compte que l'exposé de ses misères ne laissera pas le Seigneur indifférent, d'où l'hyperbole du v. 7bc faite pour insister sur la gravité de l'affliction. Ses pleurs sont dues à ses fautes, à l'abandon de Dieu, à sa douleur physique et morale. L'œil s'en trouve rongé, et toute la personne vieillie.

 9 Eloignez-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité,
car le Seigneur a exaucé la voix de mon sanglot.
10 Le Seigneur a exaucé ma déprécation,
Le Seigneur a reçu ma prière.


Brusque apostrophe aux impies, joie de se savoir finalement exaucé et soulagement de se voir délivré de ses maux. Chant de triomphe par suite d'une intuition (?). Le psalmiste accède à la certitude que sa prière est passée. « Le Seigneur a exaucé ma déprécation » : en hébreu, le mot traduit ici par déprécation a la même racine que le mot traduit par pitié au v. 3 ; on pourrait donc traduire : Le Seigneur a exaucé mon appel à la pitié.

11 Que tous mes ennemis soient confondus et bouleversés avec véhémence ;
qu'ils reculent et soient confondus rapidement.

Plus qu'une imprécation, c'est déjà une action de grâce au regard de la foi.

[1] La première attestation de cette série se trouve dans le commentaire de Cassiodore, composé en Italie au VIe s.

Psaume 7

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