COLLECTE : JOUR 12
Chers amis,
C’est aujourd’hui la journée mondiale des pauvres que le pape François a voulu synthétiser par cette parole du psalmiste : Un pauvre crie, le Seigneur entend ! et qu’il commente ainsi : c’est un cri qui traverse les cieux et rejoint Dieu. Qu’exprime le cri du pauvre, sinon la souffrance et la solitude, sa déception et son espérance ? Nous pouvons nous demander : comment se fait-il que ce cri qui monte jusqu’à Dieu ne parvient pas à nos oreilles et nous laisse indifférents et impassibles ? Au cours d’une telle Journée, nous sommes appelés à un sérieux examen de conscience pour saisir si nous sommes réellement capables d’écouter les pauvres. Mais écouter leur cri ne suffit pas ; il faut aussi y répondre. La réponse de Dieu au pauvre, continue le pape, est toujours une intervention de salut pour soigner les blessures de l’âme et du corps, pour rétablir la justice et pour aider à reprendre une vie digne. La réponse de Dieu est aussi un appel pour que quiconque croit en lui puisse faire de même dans les limites de la condition humaine. Le Seigneur veut toujours libérer le pauvre de sa pauvreté et il le fait notamment par nos mains. Par le prophète Isaïe, il nous presse de « faire tomber les chaînes injustes, […] de rendre la liberté aux opprimés, […] de partager [notre] pain avec celui qui a faim, d’accueillir chez [nous] les pauvres sans abri, de couvrir celui que [nous voyons] sans vêtement » (Is 58, 6-7). Cette façon d’agir fait que les péchés sont pardonnés, car la charité couvre une multitude de péchés (cf. 1 P 4, 8) et que la justice poursuit son chemin. Alors, quand nous crierons vers le Seigneur, Il nous répondra : Me voici ! (cf. Is 58, 9).
Pour que les pauvres sortent de leur condition dégradante, il leur faut cependant percevoir la présence de frères et de sœurs qui se préoccupent d’eux, ouvrent la porte de leur cœur et de leur vie, et les considèrent comme des amis et des familiers.
Dans ce monde immense de la pauvreté, poursuit encore le pape, reconnaître les limites, la faiblesse, et l’insuffisance de nos moyens, invite à une collaboration réciproque qui nous permet ainsi d’être davantage efficaces. C’est la foi et l’impératif de la charité qui nous animent, mais nous savons reconnaître d’autres formes d’aide et de solidarité qui partagent en partie les mêmes objectifs, pourvu que nous ne mettions pas de côté ce qui nous est propre : conduire chacun à Dieu et à la sainteté.
Sainte Thérèse d’Avila écrivait dans son Chemin de la perfection : « La pauvreté d'esprit est un bien qui renferme en soi tous les biens du monde. Elle confère une souveraineté suprême, car c'est être le souverain de tous les biens du monde que de les mépriser » (2, 5). C’est dans la mesure où nous sommes capables de discerner le bien véritable que nous devenons riches devant Dieu et sages devant nous-mêmes et les autres. C’est précisément dans la mesure où l’on parvient à donner à la richesse son sens véritable et juste que l’on grandit en humanité et que l’on devient capable de partager.
Chers amis,
En ce douzième jour de collecte, permettez-moi encore une fois de me faire le cri de cette famille en détresse et endettée. Hier, pour la première fois, elle n’a reçu aucun don. Devant ce constat, deux passages de la vie de Jésus me sont venus à l’esprit : La guérison des dix lépreux et la crucifixion.
Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée.
12 Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance
13 et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
14 A cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.
15 L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
16 Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
17 Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ?
18 Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! »
10 sont venus demander de l’aide et ont été guéris, mais un seul sur les dix a rendu grâce.
De même, nombre de personnes ont suivi Jésus au cours de son ministère public et ont sollicité de lui guérison et délivrance, mais quand lui-même a connu la misère de la croix il n’y eut plus grand monde au pied de celle-ci.
La sagesse populaire a bien raison : c’est dans le besoin que l’on reconnaît ses amis. Et St Paul nous exhorte à aller plus loin dans l’amour lorsqu’il écrit aux Romains : « si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire », dépassant ainsi l’enseignement de l’Ancien Testament qui stipulait : « Quand tu rencontreras, égaré, le bœuf ou l’âne de ton ennemi, tu devras le lui ramener. Si tu vois l’âne de celui qui te déteste crouler sous la charge, tu ne le laisseras pas à l’abandon mais tu lui viendras en aide. » (Ex 23, 4-5).
Je vous bénis de tout cœur et demeure votre serviteur. Merci.